Test : Moonlighter

Test de Moonlighter
jan 07, 2021 par CriticalMax

Étant donné le nombre grandissant de jeux indies disponible, il devient de plus en plus difficile, pour un titre de sortir du lot. Une méthode régulièrement utilisée par les développeurs consiste à combiner plusieurs types de jeux distincts afin de créer une expérience unique. Moonlighter est un jeu qui tombe directement dans cette catégorie, partageant action, aventure, économie et gestion.

Lorsque de mystérieux donjons sont apparus, le personnage principal, Will s’y est rapidement intéressé. Bien que propriétaire d’un magasin prospère, Will rêve d’aventure et est fasciné par les secrets que renferment ces quatre ruines et l’étrange 5e porte. L’histoire est vague et expliquée seulement à travers des écrits dans les ruines. Quoique fréquents, ces tests sont superflus et génèrent peu d'intérêt.

Moonlighter est une expérience qui se résume en deux catégories. L’exploration et l’organisation. C’est principalement de nuit que Will explorera les ruines et accumule de nombreuses composantes qu’il vendra par la suite à son magasin durant le jour. C’est derrière cette simple routine de style roguelike que se cache un jeu de gestion beaucoup plus profond. Durant une expédition, Will s’équipe de deux des cinq types d’armes qu’il peut ensuite interchanger à tout moment. Les contrôles sont tout ce qu’il y a de plus rudimentaire. Il y a les attaques normales, et les attaques spéciales. Will peut aussi exécuter des roulades pour éviter les attaques ou sauter par dessus les trous et les obstacles. Pour une raison qui me semble totalement irrationnelle, contrairement aux mouvements réguliers, les roulades sont restreintes à seulement 8 directions. Le manque de précision de cette manoeuvre m’a souvent mené par erreur directement dans un trou ou mis dans de fâcheuses positions. Cet irritant m’a donné du fil à retordre tout au long de mon aventure.

Vault
Boss

Les créatures hostiles ont des déplacements et des mécaniques de combat variés qui, en combinaison avec les l'agencement aléatoirement des pièces fait que chaque affrontement est unique et présente ses propres défis et difficultés. Les boss ont leurs propres stratégies et sont particulièrement puissants. Par contre, une fois l’équipement amélioré, ils deviennent beaucoup trop faciles.

Moonlighter se différencie des autres roguelikes en permettant au joueur pour un montant d'argent de quitter les ruines à tout moment. C’est un couteau à double tranchant, puisqu’il revient au joueur de décider s’il devrait prendre la chance de continuer possiblement mourir ou quitter avec moins de bénéfices. Un choix parfois difficile, car mourir signifie de perdre tout son inventaire à l’exception des 5 objets. Ce concept basé sur les risques/récompense rend ces réflexions si excitantes!

Les explorations sont longues et puisque l’inventaire est restreint, le joueur devra faire des choix et organiser le contenu de son sac le plus possible. Certains objets ont des effets qui affectent ceux adjacents. Pour cette raison, le positionnement et l’optimisation de l’inventaire sont requis pour maximiser chaque expédition. Cette mécanique est amusante, mais l’innovation s’épuise avec le temps et le concept devient contraignant et freine constamment l’action.

Ville
Donjon

Les explorations sont longues et puisque l’inventaire est restreint, le joueur devra faire des choix et organiser le contenu de son sac le plus possible. Certains objets ont des effets qui affectent ceux adjacents. Pour cette raison, le positionnement et l’optimisation de l’inventaire sont requis pour maximiser chaque expédition. Cette mécanique est amusante, mais l’innovation s’épuise avec le temps et le concept devient contraignant et freine constamment l’action.

Toutefois en fin de partie, le concept subit un revirement à 180 degrés. L’argent qui était pourtant si difficile à obtenir au départ devient trop abondant en fin de partie. Les matériaux se vendent à un prix trop exorbitant et la valeur de l’équipement ne suit plus la courbe des profits. À un tel point, qu’après 1-2 visite seulement, j’aurais pu complètement omettre de vendre quoi que ce soit. Pour ajouter de l’insulte à l’injure, une fois débloqué, le banquier permet de faire de possibles profits astronomiques sans le moindre effort. Tout l’aspect économique s’écroule, et pour un jeu qui fait de l’argent un piller fondamental, c’est vraiment plus que décevant.

Au premier coup d’oeil, Moonlighter rappelle beaucoup les vieux Zelda. Outre la référence dès le départ peu subtil (vidéo), c’est la perspective de vue et l’aspect des pièces des donjons thématiques qui poussent à faire cette comparaison. Moonlighter regorge aussi de pixel arts magnifiques et bien réalisés. Dès les premières minutes, les couleurs vives et les éléments animés du décor impressionnent. L’attention au détail est ahurissante. Les animations des personnages et des créatures sont de la fluidité de haut niveau, ce qui n’est pas simple dans les jeux de style 16 bits. Ce qui est d’autant plus saisissant c’est la quantité de contenu que le jeu comporte. En plus d’avoir autour de 70 ennemies différents, vous trouverez plus d’une centaine de composantes, un arsenal bien rempli et une étonnante diversité chez villageois de Rynoka.

Magasin
Donjon

La où le bât blesse c’est qu’il existe une grande disparité entre la qualité visuelle des différents éléments. J’ai mentionné plus tôt comment les couleurs sont vives au village par exemple, mais certains donjons eux, en comparaison sont sombres et mornes. Même si l’intérieur des ruines est aléatoire, on remarque rapidement que la disposition des pièces ne représente qu’une série de tuiles texturée sur une grille. Cette formule, Moonlighter n’en déroge jamais tout au long de l’aventure, ce qui fait que peut importe le thème et l'ambiance d’une zone, les pièces finissent tous par se ressembler et l’illusion de fraîcheur s’effrite.

Un problème semblable est présent chez les créatures. Certains ennemis sont originaux et marquants alors que d’autres ne semblent pas avoir reçu le même traitement. Au bout du compte, l’effort et l’originalité manquent de constance.

S’il y a un aspect du jeu qui démarque largement, c’est bien la musique qui est excellente du début à la fin. Chaque zone à sa propre mélodie, qui renforce sa thématique. Les ruines de golem par exemple, utilise des percussions profondes, accompagnées d’une petite mélodie qui accentue le mystère et la découverte. Les catacombes technologiques, elles, sont accompagnées de synthétiseur sons plus électroniques. J’aime comment les compositions transigent tout au long de l’exploration. Chaque nouveau palier présente une modification ou intensification de la piste précédente. La musique ne semble pas remplir un vide, mais crée plutôt une atmosphère qui évolue avec Will tout au long de son aventure.

Une fois le jeu terminé, le contenu principal d’un premier DLC payant devient accessible. Pour un peu moins de 10$, cette expansion comporte une nouvelle zone, ainsi que de l’équipement et nouvelle potion. Une voyageuse s’installe en ville offrant un service fondamental puisqu'elle permet au jour d’échanger des objets trouvés dans les donjons contre des composantes exclusive, nécessaire pour améliorer son équipement. Le nouveau donjon offre un style visuel complètement différent et contient beaucoup plus d’étages que les ruines traditionnelles. Une nouvelle monnaie fait aussi son apparition, mais ne s’utilise que dans cette nouvelle zone et disparaît une fois au village. Elle sert principalement a acheter des potions et de débloquer des piliers. Ces piliers permettent à Will de revenir au donjon a des étages spécifiques, sans avoir à tout refaire du début ce qui est une bénédiction!

Intérieur du magasin
Aventurier

Malheureusement, à part plusieurs nouveaux boss, il y a très peu de nouvelles créatures et la plupart proviennent des zones précédentes. Étant donné que Between dimension rajoute un bon 5h de jeu, il est déplorable qu’il n'apporte rien de nouveau côté mécanique de jeu. Aucun nouveaux piège ou défi de platforming. Ce n’est tout ou plus qu’un ajout de contenu qui ne sors pas des sentiers battus. Encore pire, au lieu d’en profiter pour rebalancer son économie, ‘’Between dimensions’’ l’abandonne pour miser sur une deuxième économie peu attrayante et un système de troc qui force la répétition.

Évaluation

78%
Correct
L’aventure qu’offre Moonlighter est unique fort amusante. Le jeu sait adroitement bâtir un univers crédible à agréable à explorer à travers son joli pixel art et sa musique évolutive. Le mélange de gestion et d’action forme un match parfait, mais l’économie défaillante et la simplicité des combats combinées avec un DLC décevant viendront malheureusement teinter l’expérience.

Points positifs

  • Excellente trame sonore
  • Animations fluides
  • Grande variété d'objets et ennemies
  • Gestion de magasin amusante

Points négatifs

  • L'histoire se dévoile trop tard dans le jeu
  • Manque de précision de certaine manoeuvre
  • Contrainte avec l'inventaire lors des expéditions
  • Le DLC force trop la répétition
  • L’originalité manque de constance
  • Système économique débalancé